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13 août 2014 3 13 /08 /août /2014 20:43
  • Les bénéfices de la mammographie sur la mortalité par cancer du sein seraient dix fois moins importants que ceux qu’annoncent les autorités sanitaires françaises
  • Les inconvénients du dépistage systématique sont systématiquement minimisés ou passés sous silence
  • Les bénéfices et les inconvénients de la mammographie débattus dans des forums publics, dans une grande revue médicale, et dans un pays tout entier… Non, ce n’est pas en France que ce débat a lieu ! C’est en Grande-Bretagne, où le programme national de dépistage du sein y est officiellement remis à plat.

    En France comme en Grande-Bretagne, les programmes de dépistage par mammographie passent aujourd’hui sous silence les inconvénients du dépistage pour ne mettre en avant que ses bénéfices supposés. La différence, c’est que la Grande-Bretagne a quelques leçons de démocratie sanitaire à nous donner : les critiques qui ont visé le programme national britannique - qui propose une mammographie tous les 3 ans pour les femmes de 47 à 73 ans – se traduisent par la tenue d’un débat public.

  • Les termes de ce débat sont résumés dans un courrier du Pr Susan Bewley, du King’s College de Londres, qui est publié dans le British Medical Journal du 25 octobre. Dans sa lettre, le Pr Bewley relève que la communication des autorités sanitaires britanniques s’écarte des conclusions du groupe Cochrane pour la Scandinavie, qui est en pointe dans ce domaine.

    Que dit ce groupe d’épidémiologistes ?

  • Il peut être raisonnable de participer au dépistage du cancer du sein par mammographie, mais il peut être tout aussi raisonnable de ne pas y participer, car le dépistage a des avantages et des inconvénients.
  • Si 2000 femmes sont soumises à un dépistage régulier pendant 10 ans, une va en bénéficier, car elle va éviter un décès par cancer du sein.
  • Dans le même temps, 10 femmes en bonne santé se verront diagnostiquer un cancer et seront traitées inutilement car les tumeurs dépistées n'auraient évolué que très lentement ou n'auraient pas évolué du tout (pseudo-cancer). Ces femmes auront soit une partie soit la totalité du sein enlevé, et recevront souvent une radiothérapie et parfois une chimiothérapie.
  • Par ailleurs, les médecins annonceront à tort à environ 200 femmes en bonne santé qu’elles ont un problème, avant que des analyses plus poussées contredisent ce diagnostic. Elles subiront inutilement un stress psychologique aux conséquences parfois graves.
  • En outre, l'information délivrée au public sera également revue par une équipe indépendante, et elle prendra en compte la réflexion actuelle sur la nécessité de décrire les avantages et les inconvénients du dépistage, afin d'offrir un choix éclairé.

    En France, le programme national de dépistage organisé du cancer du sein a été généralisé à l'ensemble du territoire en mars 2004. Les femmes âgées de 50 à 74 ans sont invitées tous les deux ans par courrier, ou à l'initiative de leur médecin, à faire pratiquer une mammographie associée à un examen clinique des seins. Les brochures et sites Internet, qu’il s’agisse du ministère de la santé, de l’Institut national du cancer, ou de l’assurance maladie mettent en avant, comme en Grande-Bretagne, les bénéfices potentiels de la mammographie, sans s’attarder sur ses inconvénients. Les autorités sanitaires affirment même que « plus de 3000 vies pourraient être sauvées chaque année si 70% au moins des femmes de 50 à 74 ans réalisaient un dépistage tous les deux ans. »

    Mais selon deux épidémiologistes de Cochrane, Karsten Juhl Jørgensen et Peter Gøtzsche, de tels chiffres fantaisistes. Le dépistage organisé permettrait de sauver la vie d’une femme sur 2000 après 10 ans d’examens réguliers. La population visée par le dépistage en France étant de 4 500 000 femmes, le bénéfice de la mammographie se situerait autour de 2250 vies sur 10 ans, soit 225 par an. Ce n’est pas négligeable bien sûr, mais c’est 13 fois moins que le chiffre annoncé par les autorités sanitaires. Du coup, comme en Grande-Bretagne se pose la question non seulement de la fiabilité des informations communiquées aux médecins et aux femmes, mais aussi de l'équilibre de ces informations. Un débat est donc souhaitable afin que les Françaises prenennt la meilleure décision possible. Mais ne comptez pas sur les autorités sanitaires pour le lancer.

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